Fiche pratique : les Jardins Secs

Jardin sec, jardin sans arrosage, jardin méditerranéen : tant de noms pour un concept pas si simple !

Lorsque l’on parle de jardin sec, il y a plusieurs idées qui viennent :

  • pas d’arrosage
  • sol pauvre et caillouteux
  • plein soleil
  • sans entretien
  • apport de gravier
  • végétation type méditerranéenne
  • végétation type désertique

Bien sûr chacun peut y ajouter ce à quoi cela lui fait penser ce terme de jardin méditerranéen! Comme il n’y a pas de définition officielle, on peut l’adapter, et voir chacun à notre manière.

Dans les faits cela parait simple ! Et pourtant creusons un peu, si l’on reprend idée par idée.

paysage

Les différentes caractéristiques d’un jardin sec :

Un jardin sans arrosage :

Est ce un choix ? Une obligation (zone difficile d’accès, restrictions, etc) ? Est-il possible tout de même d’arroser à la plantation ? La première année ? Le temps de la reprise (quelques mois à quelques années suivant les critères de la plantation) ? Ou pas du tout ? Ou peu ? Quel type de sol vous avez ? Quel type de plante vous plantez ? Quand, comment, … ?

Il est évidemment primordial de limiter l’utilisation de l’eau, étant donné qu’elle se fait de plus en plus rare ! Nous vivons depuis quelques décennies des étés de plus en plus chauds et secs, mais dorénavant même l’hiver, nous subissons des sécheresses ! Ce qui ne tombe plus du ciel, ne rempli plus les nappes phréatiques, et donc même si l’on a un forage, il est fort possible qu’on arrive à un à-sec durant l’été !

Cependant, pour s’enraciner (et pour vivre aussi, accessoirement), les végétaux ont besoin d’eau. On peut choisir les bonnes essences, résistantes à la sécheresse, les planter de la bonne manière et à la bonne saison, cela diminue déjà drastiquement les besoins en eau ! On peut également faire des cuvettes d’arrosage, mettre du paillage organique, avoir un sol vivant, prendre soin de veiller au bon écoulement des eaux sur son terrain, réutiliser l’eau de pluie (ou de la maison)… Tout cela permettra de moins arroser !

Mais il est très difficile pour autant avoir de jardin « sans eau« , surtout si l’on n’est pas formé. On peut simplement ne pas gaspiller l’eau, et habituer la plante (adaptée) à la sécheresse, et guider ses racines avec un bon arrosage à la plantation (et possiblement durant la reprise). Voir l’article sur l’arrosage du jardin.

Alors sur la question du sans arrosage : oui il est possible de ne pas arroser son jardin tous les jours avec des hectolitres d’eau, mais le temps de l’implantation, il est primordial de faire en sorte d’aider la plante (cultivée en pot, et arrosée en pépinière jusque là) à se développer au mieux, pour qu’elle devienne autonome.

Un jardin en sol pauvre et caillouteux

Si l’on est en bord de méditerranée, il est fort probable que l’on ait ce type de sol. A ce moment là, les plantes méditerranéennes s’adapteront parfaitement !

Cependant, il faut prendre en considération que nous avons également beaucoup de zones géologique et pédologiques très différentes dans la région. On retrouve par exemple des sols schisteux, limoneux, ou argileux, dans la région. En sol au pH plus acide, il n’y a pas toutes les plantes, adaptées, au calcaire qui poussent ! Sur des limons d’anciens lits de rivières, la richesse en matières organiques pourrait bien vous empêcher de faire pousser des plantes qui aiment les terrains très pauvres et drainants ! En sol argileux, les plantes de jardins secs risquent de souffrir d’un sol restant trop humide l’hiver. Le drainage du sol est à prendre en compte ! Et pas uniquement sur les premiers centimètres !

Sur des sols secs, pauvres, caillouteux et calcaire, les plantes dites « de terrain sec » pourront très bien s’adapter. Si vous avez un sol au pH plus acide, il faudra sélectionner les plantes qui tolèrent cette contrainte. De même que sur des sols argileux ou limoneux, il y a de nombreuses plantes de terrain secs qui s’adaptent, mais elles doivent aussi résister aux excès d’humidité l’hiver, et à la plus ou moins forte présence de matières organiques.

Massifs végétalisés en plein soleil

De même que pour les premiers critères, si vous avez un jardin ombragé (arbres, maison, immeuble, falaise…), certaines plantes ne survivront pas à la mi ombre, ou à une ombre plus totale. Le choix des végétaux adaptés est là aussi primordial ! Comme il n’est pas permis d’abattre la maison du voisin pour avoir de la lumière (ha bon?), et qu’il n’est pas question d’abattre le peu d’arbre qui reste (ça non!), il faudra bien faire avec !

On ne peut pas faire une palette type du « jardin sec », puisqu’en fonction de tous ces éléments (et d’autres), il faudra adapter cette palette. Bien sûr, il y a des plantes capables de grand écart : le romarin par exemple ! Plein soleil ou à l’ombre, sur terrain sec ou plus limoneux, voire même argileux, et schisteux ! Mais ce n’est pas la norme pour toutes.

Un jardin sans entretien

On voit souvent le jardin méditerranéen comme un jardin « sans entretien ». Spoiler alert : cela n’existe pas ! Le jardin est, à terme, un écosystème, qui peut bien sûr se débrouiller tout seul. Mais l’esthétique attendu par le propriétaire impliquera sûrement de l’entretien : il faut que « ça fasse propre ! ». Enlever les « mauvaises herbes » qui poussent entre les plantes, tailler les végétaux en forme géométrique (quelle idée.. !), remplacer les plantes mortes, etc.

Le jardin est une surface (une profondeur, et une hauteur aussi !) constitués d’organismes vivants. Sur un sol sec, pauvre et caillouteux, il y aura moins de désherbage, puisque moins de plantes sont capables de germer avec toutes ces contraintes, et que de nombreuses plantes ont des propriétés allélopatiques (qui réduise la germination des graines proches d’elles !). Mais il y en aura quand même si vous souhaitez que « ça fasse propre » !

Mais si votre jardin offre un sol un peu plus profond, et que vous souhaitez un jardin type méditerranéen, comment faire ? Vider la terre du jardin et la remplacer par du cailloux ? En terme de coût (environnemental et financier) et en terme d’impact sur la vie de votre jardin, c’est colossal. Et de toutes les manières, les plantes reviennent toujours. Vous pourrez bien faire ce que vous voulez, elles arrivent à pousser sur du goudron ou du béton, donc … Il vaut mieux construire son projet en prenant compte de l’existant (plante, sol, eau, exposition..), et ne pas vouloir lutter contre tout ça, cela vous rendra la vie bien plus facile !

Imaginez un mariage : deux familles et des amis se réunissent, pour une occasion (comme des plantes sont réunies pour l’occasion de la création du jardin). Hormis dans le cas d’un mariage forcé, c’est évident (si vous souhaitiez mettre des Hortensias en haut d’une colline calcaire, sans sol et sans eau : personne n’y prendrai de plaisir, et rien ne se passera bien).

Il y a des choses qui vont se passer naturellement, et très bien, mais sur certains sujets, il aura fallu de l’organisation (nourriture, boisson, place, …). Et sur d’autres, il faudra faire avec de nombreux facteurs (ceux qui ne s’entendent pas, qui sont trop près, pour qui il y a trop ou pas assez de lumière, de vent etc…).

Au jardin c’est un peu pareil, une bonne conception permettra que l’ensemble, sur le papier, soit fonctionnel. C’est ensuite l’artisan qui fait la création du jardin (ou vous même) qui fera que le jour du mariage sera réussi. Et bien sûr, l’entretien derrière ces deux premières phases, est le plus important : à quoi sert d’avoir une belle journée de mariage pour divorcer 2 mois plus tard ? En règle générale, c’est un pari sur l’avenir, qui est lentement réfléchi…

L’entretien d’un jardin est primordial pour que tout se passe bien, dans le temps. Surveiller l’apparition de maladie, remplacer les végétaux qui ont finit leur cycle (annuelles, bisannuelles), ajouter de nouvelles variétés, sélectionner les plantes spontanées que l’on veut conserver, faire quelques tailles douces sanitaires si besoin. Ce ne sont plus de gros travaux, mais cela demande de prendre le temps, de se promener, et d’observer son jardin, et d’agir (que si besoin) régulièrement.

Jardin minéral

Si vous avez déjà fait un tour sur ce site, vous savez déjà mon opinion sur le jardin minéral ! Donc je vous dirais simplement : non, il n’est pas nécessaire de rajouter du gravier pour avoir un jardin sec. L’apport massif de gravier à de nombreux impacts négatifs, dont notamment, de réchauffer le jardin. A-t-on besoin de ça dans le sud …?

La végétation type méditerranéenne

Pour ce point, peu de problème (ouf!) : on peut avoir pour toutes les situations, des plantes qui pourront rappeler les plantes méditerranéennes, même si l’on n’a pas le sol, l’exposition et les conditions les plus adéquates. Au moins un point qui est (à peu près) facile !

On a la chance d’avoir en méditerranée la flore la plus riche d’Europe ! Autant en profiter !

La végétation type désertique

C’est encore un autre débat, mais on place souvent dans les jardins secs, l’envie d’avoir des cactus et autres plantes façon jardin mexicain. Nous sommes en ce moment dans une extinction de masse des insectes (-70 à 80 % de population d’insectes ces 10 dernières années*), ce qui entraîne à son tour une extinction des oiseaux (-24 % en 30 ans*), avec de plus en plus de problèmes d’espèces exotiques envahissantes (+11 espèces par an, depuis 30 ans*). De plus, les temps d’ensoleillement et la chaleur accrues sont de moins en moins supportables par tous (y compris nous, humains!).

Alors proposer des îlots de fraîcheur et de biodiversité en proposant des plantes locales, et qui font de l’ombre, des fleurs (butinables par les insectes locaux), et des fruits (capables de mûrir, et comestibles pour nos animaux – et potentiellement nous!), me paraît bien plus adapté à la crise que nous traversons, plutôt que de mettre des Cactus et des Yuccas sur du gravier… Voir également les fiches sur les ravageurs attaquent une grande partie de ces plantes.

* chiffre MNHN et OFB

Alors avec tous ces éléments, une question se pose :

Comment faire son jardin sec ?

Avec les points vus ci dessus, vous avez déjà une bonne idée de comment faire votre jardin sec, mais voici un petit récapitulatif :

– y a t’il de l’eau disponible pour les plantations : ruissellement, eau de pluie, récupérateur d’eau, forage, rétention du sol, bassins… Prévoyez vous un arrosage automatique le temps de la reprise, ou arroserez vous à la main ?

comprendre son sol : est il pauvre et caillouteux, ou plutôt riche et argileux, quel est son pH ?

– quelle est son exposition : plein soleil toute la journée, combien d’heures par jour, et à quel moment votre jardin est il au soleil : matin, après midi ?

êtes vous prêt(e)s à vous investir (financièrement et en terme de temps) dans votre jardin ? À quelle échelle ? (il n’y a pas là de bonnes ou de mauvaises réponses, chacun fait en fonction de sa vie, mais il faut prendre en compte que c’est un investissement!).

– avez vous des idées de jardins en tête ? Ou des plantes que vous affectionnez particulièrement, des allergies…

Une fois le point sur tout cela fait, aussi avec l’aide de professionnels (pépinières spécialisées, paysagistes conseils et concepteurs formés à ces questions, paysagiste terrain engagés…), vous pouvez vous attaquer à votre projet !

Pour aller plus loin, vous pouvez regarder les fiches sur le choix des végétaux, la plantation ou encore les alternatives au gazon. Cela vous permettra de plus vous renseigner pour prendre vos décisions !

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