On parle de plus en plus de biodiversité en entreprise avec des labels et lois de plus en plus pointus, des traités mondiaux et autres programmes : CSRD, RSE, Normes ISO, Entreprise Engagée pour la Nature, Bilan Écoresponsable, Biodivercity, Effinature, Traité de Kunming-Montreal …
Mais pourquoi ? Pression sociale, prise de conscience, 6ème extinction de masse, diminution des ressources, services rendus par les écosystèmes, prise en compte des enjeux environnementaux des employés pour leur choix d’entreprises… Les raisons sont nombreuses ! On ne pourra pas tout aborder dans cet article, mais l’idée est de dégrossir quelque peu ce sujet vaste !
Un article est consacré à la description de ce qu’est la biodiversité sur ce lien.
Commençons par quelques chiffres.
Statistiques sur le lien biodiversité et entreprises
– de plus en plus d’employés sont sensibles aux enjeux d’avenir que sont l’environnement et le climat : 52 % (IFOP, 2019).
– huit personnes sur dix (81%) considèrent que les entreprises ont un impact négatif voire très négatif sur la biodiversité. Et pour la plupart des Français (67%), les actions que les grandes entreprises mènent pour limiter leur empreinte écologique sont en réalité un simple prétexte de communication (IFOP, 2019).
– 70% des Français souhaitent que la rémunération des dirigeants de grandes entreprises privées dépende de l’atteinte d’objectifs en matière de protection de la nature et de la biodiversité. (IFOP, 2023)
– Près des trois quarts des Français (74%) sont favorables à ce que des administrateurs chargés de représenter les intérêts de la nature soient présents au sein des conseils d’administration des entreprises. (IFOP, 2023)
– Une prise de conscience du grand public de l’enjeu à protéger la biodiversité, près de 8 Français sur 10 se déclarant concernés par cet enjeu (IFOP, 2021)
– Les Français perçoivent l’enjeu de la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité, qu’ils considèrent prioritaire aujourd’hui (82%), voire même « tout à fait prioritaire» pour un tiers d’entre eux (35%). (IFOP, 2021)
– La RSE est devenu un sujet important pour plus de 9 Français sur 10 (94%) et même «prioritaire» pour 3 Français sur 10 (28%). Moins évoqué dans les médias que le climat, la biodiversité est un sujet connu par 9 Français sur 10 (90%) et même très bien connu par près d’un Français sur deux (47%). (Odoxa, 2024)
– Les citoyens, employés et consommateurs sont beaucoup plus avancés sur la question de la biodiversité que ne le pensent la plupart des acteurs économiques. 95% font de la biodiversité un sujet important voir prioritaire pour les pouvoirs publics selon un 1 français sur 2. (Odoxa, 2024)
– 80% qualifient de préoccupante la situation de la biodiversité dans notre pays. Et ils sont prêts à s’engager pour le futur : 80% déclarent être prêts à prendre en compte l’impact biodiversité de leurs achats si un indicateur type « Nutriscore » existait.
– 72% des épargnants seraient intéressés par des produits d’épargne orientés vers la protection de la biodiversité (Odoxa, 2024)
– Pour les entreprises, adopter une posture vertueuse en termes de biodiversité est aussi un puissant atout en termes de marque-employeur pour attirer les talents ou les conserver dans l’entreprise. 8 sur 10 jugent important que l’entreprise dans laquelle ils travaillent privilégie le recyclage, évite la déforestation dans ses choix d’approvisionnements, et évalue régulièrement son impact sur la biodiversité (Odoxa, 2024)
– 3/4 des Français pensent que les ONG, l’État, les grandes entreprises, les citoyens et eux-mêmes, peuvent agir efficacement pour préserver la biodiversité : « Si l’on attend beaucoup des entreprises dans ce domaine, c’est aussi parce que les trois-quarts des salariés constatent qu’au-delà du «greenwashing» leur propre entreprise fait bien attention à limiter l’impact de son activité sur la biodiversité » (Odoxa, 2024).
Comment agir pour la biodiversité en entreprise
Que ce soit côté employé ou employeur, il y a de très nombreuses solutions pour s’engager efficacement pour la biodiversité. Afin de choisir les solutions les plus adaptées, il est important de faire un point sur plusieurs éléments.
Il est possible d’effectuer des sondages dans l’entreprise pour connaître les personnes motivées à prendre soin de l’environnement et de la biodiversité, proposer des animations (Fresque de la biodiversité, sensibilisation, information..). Puis mettre en place une stratégie biodiversité, en intégrant un maximum d’échelons différents possible, et surtout la direction ! C’est elle qui prendra les décisions au final. Il est bien évidemment possible (et recommandé suivant la dimensions de l’entreprise) de se faire accompagner pour faire des stratégies réalistes et efficientes.
Il est important de faire une liste des actions déjà faites et des pistes d’améliorations possibles. Se fixer des objectifs clairs, atteignables, et mesurables.
Pour pouvoir faire tout cela, le regard doit être posé sur l’entreprise elle même : prestation de services, commerce, artisanat… Quels sont les impacts et dépendances de l’entreprise sur l’environnement et la biodiversité ? Mais également sur la production en amont : les fournisseurs, les partenaires, etc qui vont apporter des matériaux, des services etc.
Quels matériaux sont choisis, d’où viennent-ils, comment sont-ils produits/transportés, y a t il des solutions plus vertueuses, etc. Et bien sûr, en aval : que deviennent les produits et leurs emballages : sont-ils réutilisables, recyclables, consignés … ? Apportent-ils une plus valu environnementale à la communauté ? Participent-ils à la construction de quelque chose de vertueux (financement de reboisement, diminution des consommations d’eau ou des pollutions, …)?
Bien sûr tout cela dépend de votre secteur d’activité : un boulanger, ou un conseiller en patrimoine n’auront pas les mêmes contraintes de travail. Ni en amont, ni en aval, ni sur leur cœur de métier ! Mais des impacts significatifs tous les deux ! Le boulanger par son lien avec l’agriculture, et la santé de tous ses clients, comme de ses équipes. Le conseiller en patrimoine par son impact numérique, et celui de ses portefeuilles d’investissements (extraction de pétrole ? Ou reboisement de désert?).
Pour rappel, voici les postes qui exercent les plus fortes pressions sur la biodiversité et l’environnement (voir l’article sur la biodiversité) :
– l’artificialisation des sols,
– la surexploitation des ressources,
– le changement climatique,
– les pollutions,
– les espèces exotiques envahissantes.
Le but du jeu est de comprendre quels impacts l’entreprise à sur tout cela. Et quels enjeux y a-t-il si la biodiversité continue son effondrement.
Exemples d’enjeux et impacts
Voici quelques exemples (non exhaustifs, et très simplifiés) :
– pour une boulangerie : si les sols sont pollués → pas de farines comestibles → pas de vente et/ou des procès. Si les matières premières sont de qualité : l’entreprise participe à la conservation des sols, et limite son impact négatif, tout en s’offrant la possibilité de pouvoir continuer à produire et vendre de la qualité.
– pour de la gestion financière : pour la prestation de service, on pourrait se dire qu’il n’y a pas de matières premières nécessaires, et pourtant : pc, téléphone, moyen de déplacement … Tout cela à un impact. De même, si les investissements ne sont faits que sur des produits pétroliers → risques en cas de crise. Si les investissements sont fait sur plusieurs branches, qui plus est, si elles sont diversifiées et durables, cela amènera d’autres résultats, bien plus bénéfiques. Ils seront peut être moindre (quoique, cela se modifie depuis quelques années), mais au vue des statistiques évoquées plus haut : la réflexion est à mener.
La biodiversité dans l’entreprise
En plus du fonctionnement de l’entreprise elle même, le site sur lequel elle est implantée va jouer un rôle important. Un cube de béton entouré de parking en bitume ? Pas d’espace repos/repas à l’extérieur, ou alors juste entouré par deux haies moribondes ? Il est possible de faire bien d’autres choses !
Cela peut passer par des (demi-)journées de formations, de sensibilisation du personnel aux questions d’environnement et de biodiversité. Il est également possible de faire des activités sur le site avec les employés : potager, plantes comestibles/médicinales, fresques de la biodiversité/du climat… Voir même de revoir l’aménagement extérieur du bâtiment (mais aussi l’intérieur, l’isolation, la récupération d’eau…).
Repenser les extérieurs peut paraître être un plus inutile, et pourtant : « 22 % des collaborateurs placent le parking d’entreprise dans le Top 3 des éléments les plus importants pour améliorer la qualité de vie et des conditions de travail » (United Heroes, 2023). En parlant de qualité de vie au travail, si cela paraît futile pour certains patrons : « + 235% de retour sur investissement, c’est ce qu’obtiennent les entreprises ayant placé le bien-être au cœur de leur vision d’entreprise. » (OpinionWay, 2018)
La végétalisation des parkings
On voit de nombreuses entreprises avec uniquement un parking en asphalte, et des gazons / haies mal entretenus, et « inutiles », dont personne ne profite. En terme de biodiversité c’est assez proche de zéro. Tout cela à un coût de gestion, pour très peu (voir aucun) impact positif sur l’environnement. Avec quelques modification, il est possible proposer à la fois des nouveautés agréables pour les employés (espace détente, coin calme, jeux,…). Tout en favorisant la biodiversité (plantations, espaces laissés naturels, gestion différenciée, désimperméabilisation, récupération d’eau…). Tout cela en étant moins gourmand en entretien, et en consommation d’eau ! Ainsi qu’en risques : combien de fenêtres abîmées par des pierres projetées lors du débroussaillage ?
Cela améliore également la perception de votre entreprise. Si vous engagez une démarche vertueuse, vous pouvez aussi montrer l’exemple, et attirer l’œil ! Les espaces verts des entreprises représentes des vitrines importantes, reflétant sa manière de fonctionner.
Depuis quelques années, avec la généralisation du télétravail, les parkings sont utilisés autrement, et souvent ils sont moins utilisés. Si c’est le cas pour votre entreprise, il est possible de réduire sa taille, pour augmenter les espaces verts ! Il est également possible de conserver des espaces qui peuvent servir uniquement en cas de rassemblement importants. Le reste de l’année, ce seront des espaces verts et drainants.
Il y a de nombreuses choses à faire, imaginer, penser ! Pour cela, il est possible de s’engager seul, ou à plusieurs, en fonction de la dimension de l’entreprise. Ci après, quelques pistes à creuser si vous souhaitez vous faire accompagner.
Intégrer la biodiversité en entreprise
Petit récap des thèmes qui reviennent les plus souvent, ils ne se valent pas tous, ne sont pas tous adaptés à toutes les entreprises. Mais cela vous permettra de trouver de nombreuses informations !
CSRD : directive européenne, comprenant un volet biodiversité
RSE : Responsabilité Sociétale des Entreprises
Normes ISO : entre autre la 26000, défini « comment les organisations peuvent et doivent contribuer au développement durable »
Entreprise Engagée pour la Nature : Programme de l’Office Français pour la Biodiversité (dont fait partie HQE Paysage !)
Bilan Ecoresponsable : Mesure des impacts, et guide des actions à mener
ORE : Obligation Réelle Environnementale, permet la protection de la biodiversité et compenser l’impact de votre activité
Biodivercity : label pour les métiers de l’immobilier
Effinature : « indicateur scientifique qui réintègre les bénéfices de la nature aux projets de constructions »
Traité de Kunming-Montreal : à pour but de définir un cadre mondial strict pour la biodiversité
N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez plus d’informations ! Je peux vous proposer des animations ou des plans/conseils pour vos espaces verts. Mais également vous renvoyer vers des collègues pour les démarches à faire pour les différents labels !